Ouais, je suis fier de moi ! J’ai compensé aujourd’hui ! Euh, en fait non pas du tout… si je compense c’est justement que demain… je prend l’avion et ça je n’en suis pas super fier….
Du coup, pour compenser… ben je compense !
Je suis donc aller chez Climat Mundi ? Pourquoi chez eux ? Tout simplement car j’ai eu l’occasion de rencontrer Eric Parent et Isabelle Rappart il y a quelques temps (lors de la sortie du magazine Canopée dans lequel nous avons eu l’honneur d’être cité) et que nous avons eu un bon contact. J’aime bien travailler avec des personnes que je connais. Et pour ne rien gâcher, Climat Mundi est par ailleurs client de un bureau sur la terre.
Compenser mes 2 aller-retour en Europe m’a couté 12 euros, autant dire qu’il suffit que je ne prenne pas de café croissant à l’aeroport et je m’y retrouve.
Mais que vont-il faire de mon argent ? Planter des arbres ? Et bien non justement, chez Climat Mundi, on ne compense pas en plantant des arbres !
Pourquoi est-ce que vous ne financez pas de plantations darbres ?
Nous avons décidé décarter pour le moment ce type de projets pour plusieurs raisons. La première est que, malgré le côté sympathique ou émotionnel de ces projets, leur faible coût et tous les autres bénéfices pour les communautés liés aux espaces naturels, planter des arbres nous semble une « fausse bonne solution » en matière de compensation du CO2.
Pour des raisons techniques dabord : en effet, les arbres stockent le CO2 lors de leur croissance, mais ils le libèrent après leur mort en se décomposant ou quand ils brûlent lors des incendies. Ainsi, il est difficile dêtre complètement sûr que le CO2 stocké ne se déstockera pas un jour. Il faut également sassurer que la forêt plantée sera correctement gérée et conservée pendant au moins 100 ans, ce qui nous semble un délai de garantie trop long pour pouvoir nous engager. De plus, quand les plantations se font dans les pays en voie de développement, il faut également sassurer que les anciens propriétaires des terrains que lon a achetés pour planter les arbres niront pas sinstaller ailleurs en déforestant une parcelle équivalente. Cela également, nous ne pouvons le garantir.
Pour des raisons scientifiques ensuite : la connaissance du cycle du CO2 dans la biomasse nest pas encore complète. Ainsi, il nest pas possible de savoir si les forêts ne deviendront pas à terme des émetteurs nets de CO2 en cas de stress climatique, comme ça a été le cas par exemple lors de la sécheresse de 2003. Ainsi, dans ce cas, non seulement les arbres ne stockeraient pas de CO2, mais ils pourraient contribuer à en émettre. De même, selon lendroit où les arbres sont plantés, la couverture végétale peut modifier lindice de réflexion du sol (lalbédo), et diminuer la quantité de rayonnement solaire renvoyé dans lespace, contribuant ainsi à augmenter le réchauffement. Cest entre autre pour ces différentes raisons que les projets liés à lagriculture et à la forêt sont sujets à de nombreuses controverses scientifiques et ne font pas lunanimité parmi les organismes des Nations unies chargés détudier ces projets.
Pour des raisons « de fond », enfin : nous pensons que la solution au problème du changement climatique ne viendra que dun changement de nos comportements et de nos modes de vie. Nous pensons que planter des arbres nest pas une solution tant que lon na pas dabord modifié notre dépendance aux énergies fossiles. Nous préférons promouvoir la sobriété énergétique (consommer moins dénergie), lefficacité énergétique (produire la même quantité dénergie avec moins de combustibles) et les énergies renouvelables. Dans cette optique, nous pensons que planter des arbres pour compenser du CO2 nous détourne de la recherche des solutions durables.
Ainsi, nous préférons financer des projets qui permettent non pas de stocker, mais véritablement de supprimer des émissions de gaz à effet de serre. Avec les projets dénergies renouvelables, déconomies dénergie, ou encore de captage et destruction du méthane que nous finançons, les gaz à effet de serre ne seront tout simplement pas émis ou seront détruits, et nous sommes sûrs du résultat à long terme.
Pour dissiper les derniers doutes quil pourrait y avoir sur notre démarche, nous ne disons absolument pas quil ne faut pas planter darbres ! Nous sommes persuadés que les forêts sont une source indispensable de biodiversité, quelles apportent des bénéfices environnementaux énormes à tous et en particulier aux petites communautés, et quil faut combattre la déforestation en replantant (nous disons aussi quil vaudrait mieux ne pas déforester du tout !). Nous disons simplement que nous ne voulons pas proposer cette solution dans le cadre de projets de compensation du CO2. Cest très différent !